Gestion de Fortune – Spécial Finance Durable

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En quoi consiste votre approche ISR ?

Elle repose sur la combinaison de deux expertises : celle de Talence Gestion en matière d’analyse financière des petites et moyennes valeurs cotées et celle de Gaia Rating, agence indépendante de recherche ESG d’Ethifinance, qui couvre plus de 900 sociétés européennes. Ces expertises sont confortées par des convictions communes : d’une part, les petites et moyennes valeurs surperforment les marchés d’actions sur le long terme et, d’autre part, les entreprises les plus responsables surperforment sur le long terme et sont moins risquées que les autres.

Quels sont les contours de votre univers d’investissement ?

Nous nous concentrons sur les valeurs françaises et plus spécifiquement sur les PME et les ETI cotées qui ont un chiffre d’affaires ou une capitalisation inférieure à 5 milliards d’euros et qui ont moins de 5 000 salariés. Cela représente aujourd’hui environ 350 valeurs. Parmi celles-ci, nous en retenons 70, parmi celles qui présentent les meilleurs profils ESG et financiers.

Le segment des petites valeurs est réputé difficile à appréhender d’un point de vue extra-financier, ne serait-ce que pour la collecte d’informations. Comment s’articule votre processus de gestion ?

La méthodologie de notre partenaire Ethifinance repose sur près de 140 critères différents qui couvrent les thématiques environnementale, sociale, de gouvernance d’entreprise, ainsi que le bon traitement des parties prenantes. Nous sommes également attentifs à la bonne liquidité des titres même si notre cœur de portefeuille est stable sur la durée.

En effet, 65 % des titres sont détenus depuis la création du portefeuille il y a trois ans. Les pondérations, quant à elles varient jusqu’à 3,5% de portefeuille, et sont déterminées selon des critères financiers et boursiers.

Enfin, le fait que l’univers d’investissement des petites et moyennes valeurs est moins couvert par les analystes que celui des grandes valeurs est propice à la découverte d’opportunités.

A quel rythme rencontrez-vous les équipes d’Ethifinance ?

Nous nous rencontrons une fois par mois pour évoquer l’actualité du portefeuille et des sociétés, faire le point sur la collecte mais aussi sur le dialogue actionnarial engagé avec les entreprises. Nous décidons également de manière collégiale d’initier de nouveau dialogues avec les entreprises dont nous sommes actionnaires, d’organiser des rencontres avec certains dirigeants et d’exclure certaines valeurs.

Quelles sont les valeurs exclues ?

Nous excluons systématiquement les valeurs qui affichent les moins bons scores ESG, ainsi que celles qui font l’objet de controverses fortes, voire critiques pour l’entreprise. Selon les cas, elles peuvent concerner la violation des droits de l’homme ou des travailleurs, la santé et la sécurité des personnes.

Et votre politique d’engagement, quelle est-elle ?

Nous votons naturellement à toutes les assemblées générales des sociétés dans lesquelles nous sommes investis. Nous rencontrons régulièrement les équipes de direction pour aborder les fondamentaux et l’activité du groupe, et les interrogeons sur les principaux enjeux ESG de l’entreprise. Lorsqu’une controverse forte apparaît, nous faisons en sorte de faire évoluer les insuffisances ou les pratiques condamnables de l’entreprise dont il est question.

Votre fonds s’appelle Talence Epargne Utile. Vous avez naturellement à cœur la mesure de l’impact, de l’utilité de vos investissements. Comment procédez-vous ?

Nous avons identifié douze indicateurs d’impact qui sont calculés annuellement et qui permettent de mesurer l’utilité des investissements du fonds. Ainsi, nous agrégeons les données disponibles pour les sociétés de notre portefeuille sur l’égalité des genres, l’environnement, le partage des bénéfices, la sécurité des données, l’indépendance du conseil d’administration, la formation des salariés, la stratégie RSE, la gestion des déchets, la satisfaction des clients, la déontologie, les émissions de carbone et, bien entendu, la création d’emploi.

 

 

Propos recueillis par Thierry Bisaga – Gestion de Fortune n°312 – Mars 2020