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Quel est le bilan boursier sur le premier trimestre 2022 ?

Le premier trimestre avait bien démarré, dans le sillage de la fin de l’année 2021. Mais le marché a rapidement été rattrapé par la montée des risques qui se sont concrétisés. D’abord, avec les tensions inflationnistes, devenues plus durables qu’annoncé, qui ont déclenché une hausse des taux de marché et accru les inquiétudes autour du resserrement des politiques monétaires des banques centrales. Ensuite, les marchés ont dû affronter une sensible dégradation du contexte géopolitique qui a débouché sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février. Les sanctions économiques et financières prises par les Etats-Unis et l’Union Européenne à l’encontre de la Russie ont eu des effets immédiats sur l’économie mondiale. Le coût des approvisionnements et les prix des matières premières (énergétiques et agricoles) se sont envolés, exacerbant les tensions inflationnistes déjà bien présentes. Dans ce contexte, les gouvernements ont revu en baisse leurs prévisions de croissance économique. Malgré les très bons résultats publiés par les entreprises au titre de 2021, et la nette détente sur le front sanitaire en mars, les marchés européens ont clôturé le trimestre en nette baisse, avec un recul de 6,5% sur l’indice Stoxx 600 et de 6,7% sur le CAC 40 (dividendes réinvestis). Les valeurs moyennes ont mieux résisté, avec un recul de 2,9% de l’indice CAC Mid&Small dividendes réinvestis.

Quelles sont les conséquences du conflit en Ukraine sur le cycle macroéconomique ?

Les récentes études des économistes montrent que la guerre en Ukraine aura des conséquences négatives sur l’économie, avec toutefois des différences importantes selon les pays et les secteurs. Les impacts sur les principaux indicateurs économiques sont à ce stade :

– Une poussée de l’inflation sans précédent depuis 40 ans : il est possible que le pic d’inflation ait été atteint en mars, avec une hausse des prix de 8,5% en rythme annuel aux Etats-Unis et de 7,5% en Zone Euro. Cette poussée est principalement due aux prix de l’énergie, et une détente est probable au cours des prochains mois. Toutefois, il est certain que le niveau de l’inflation demeurera nettement plus élevé qu’avant le conflit, en raison des sanctions prises sur les exportations russes et de la hausse des salaires qui devrait avoir lieu, sachant que le marché de l’emploi est tendu aux Etats-Unis et en nette amélioration en Europe. Ce contexte milite pour une accélération de la normalisation des politiques monétaires de la part des banques centrales, à commencer par la Fed qui devrait relever des taux directeurs de 50 points de base lors de ses 2 prochaines réunions, pour les amener à un niveau d’au moins 2% d’ici la fin de l’année. Le calendrier de la BCE reste pour sa part moins précis, mais une première hausse des taux en Europe est hautement probable avant la fin de l’année.

– Un ralentissement de la croissance mondiale, qui était attendue à plus de 4% pour 2022 dans un contexte de sortie du Covid. Celle-ci est sensiblement revue en baisse, en particulier en Europe, zone la plus impactée par le conflit. Ainsi, les perspectives de croissance de l’Union Européenne pour cette année viennent d’être revues à la baisse de 1,1 point par le FMI, du fait des conséquences de la guerre. L’Allemagne, très dépendante du gaz russe, pourrait même connaitre une récession au T2 si la guerre se prolongeait. Le pire des scénarios serait celui d’un arrêt total des importations de pétrole et de gaz russe qui entrainerait une nouvelle flambée des prix. Toutefois, ce scénario n’est pas privilégié.

– Indépendamment de la situation en Ukraine, il faut également mentionner le ralentissement attendu de la croissance en Chine, suite aux reconfinements de plusieurs grandes villes du pays (politique « zero Covid »), qui continuent à perturber les chaînes d’approvisionnement.

Dans ce contexte, quel est votre sentiment sur les marchés actions ?

Nous sommes clairement plus prudents en raison de la dégradation de l’environnement macroéconomique. La combinaison d’une inflation plus élevée et d’une croissance moins forte modifie la toile de fond des marchés actions. En outre, la remontée des taux longs qui semble bien ancrée après plusieurs années de taux nuls voir négatifs en Europe joue directement sur la valorisation des actions. Néanmoins, toutes les zones géographiques et secteurs d’activités ne sont pas logés à la même enseigne. Certains secteurs comme celui de la transition énergétique ou de la digitalisation de l’économie sont à privilégier car ils devraient continuer à bénéficier d’investissements massifs. Les secteurs défensifs comme la santé sont également peu sensibles aux cycles économiques. Enfin, force est de constater que malgré les tensions sur les marges des entreprises, les prévisions de résultats pour 2022 restent bien orientées, avec une croissance de l’ordre de 7% (hors secteur des matières premières) des bénéfices par action.

Que dire des élections présidentielles françaises ?

La réélection du président Macron est plutôt favorable aux marchés actions car elle lève une incertitude de taille. En effet, début avril, les marchés anticipaient un « risque politique » avec le resserrement des intentions de vote entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Au-delà de la baisse de l’indice français, l’Euro s’était ainsi déprécié à un plus bas depuis deux ans et le rendement de l’OAT (emprunt d’Etat français) avait creusé l’écart avec le Bund allemand en dépassant les 1,1% à 10 ans. Avec le résultat de ce scrutin, nous devrions assister à un renforcement de l’Union Européenne et de sa monnaie, ainsi qu’à une poursuite des indispensables réformes de l’économie … A condition, bien sûr, que le Président réélu dispose d’une majorité parlementaire pour appliquer son programme, ce qui nous renvoie aux élections législatives du mois de juin.